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Test : Wonder Boy the Dragon’s Trap (Switch)

, par RYoGA

Sorti en 1989 sur SEGA Master System, Wonder Boy III the Dragon’s Trap frappe un grand coup. Jeu de plateformes 2D au monde ouvert, il est l’un des pionniers de la vague de jeux d’exploration que l’on va plus tard qualifier de "Metroïdvania". Jeu culte pour ceux qui ont pu s’y essayer, Wonder Boy III n’est pas particulièrement connu pour autant. Il a fallu tout l’amour des développeurs français du studio Lizardcube pour qu’on en parle aujourd’hui.

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Test publié sur Puissance-Nintendo.com

"Je suis dragon"

Le valeureux Wonder Boy part à l’assaut du château du Dragon Méka et terrasse son ennemi. Dans son dernier souffle, la créature maudit le héros qui se voit transformé lui-même en dragon.

Ne pouvant se résoudre à garder une telle apparence, Wonder Boy part à la recherche de la croix de la salamandre, seul objet pouvant lui rendre sa forme originelle. Pour ce faire, il va devoir explorer Monster World pour en débusquer les maîtres dragons, en espérant que l’un d’entre eux possède la relique dont il a besoin.

Un open world en 2D

Livré à vous-même avec une forme ingrate, vous allez faire connaissance avec les environs du château. Dans le premier village à la musique si accueillante, se trouvent un magasin et une infirmerie. Ces établissements se rencontrent tout au long de l’aventure. Pour le reste, il faut ouvrir les portes des bâtiments et explorer caves et autres tours. Le jeu a un côté très labyrinthique avec plusieurs chemins à prendre, dont certains sont bloqués pour diverses raisons.

A vous de parcourir de long et en large les environnements pour chercher, ici, la clé de la plage pour ouvrir une porte au village, là, une compétence que l’on ne possède pas encore pour marcher sur un mur étrange. Notre dragon saute et crache des flammes, mais bientôt il va subir d’autres transformations. Les nouveaux épéistes ont chacun une caractéristique propre. Certains peuvent marcher sur un mur étrange, d’autres casser une pierre hors de portée ou encore atteindre une zone trop haute pour le saut de base.

Le schéma rappelle certains Zelda, Metroïd ou Castlevania pour ne citer que les pionniers du genre. La version Master System de Wonderboy III fait parti des titres qui ont lancé un style à l’époque. De nombreux jeux reprennent aujourd’hui cette mécanique bien huilée : on pense aux dernières versions de Shantae, Axion Verge, Unepic, ou encore Guacamelee ! pour n’en citer que quelques uns.

Hommage semi-oldschool

Le studio Lizardcube a souhaité rendre hommage à Wonder Boy III the Dragon’s Trap en reprenant le jeu d’origine au pixel près. Si l’habillage graphique et musical a été mis au goût du jour (et de belle manière !), c’est bien au jeu d’origine auquel vous avez affaire. Quelques petits réajustements invisibles ont bien sûr été effectués pour améliorer l’expérience.

Mais à part ça, les joueurs qui comme votre serviteur ont connu le jeu à l’époque ou ceux qui l’ont déjà pratiqué, retrouveront immédiatement leurs marques. Me souvenant des objectifs, du parcours, de l’ordre dans lequel effectuer les niveaux et les aller-retours, j’ai même pu terminer le jeu assez rapidement. Le plaisir du jeu et de sa progression est intact, et il ne reste plus qu’à baver des ronds de chapeau devant les environnements retravaillés. Visuellement parlant, même les deux derniers Shantae peuvent aller se rhabiller. Soyons chauvin, on n’a pas vu un tel travail de qualité pour un jeu 2D depuis Rayman Legends. Les musiques ne sont pas en reste : réorchestrées et réinterprétées avec brio, elles sont absolument délicieuses.

Le trip rétro est poussé jusqu’à l’extrême puisqu’il est possible de switcher à tout moment entre l’affichage du jeu et son apparence d’époque, tout en pixels. Il suffit pour cela de passer par les menus, ou - bien plus impressionnant - d’appuyer sur la gâchette ZR à foison pour passer de l’un à l’autre en temps réel. Même chose pour les musiques et bruitages que l’on peut alterner en pressant le stick gauche. Les menus offrent même de régler des paramètres d’affichage pour singer les particularités des télévisions de l’époque.

Oui mais moi je débarque !

Peut-on prendre du plaisir à jouer à Wonder Boy the Dragon’s Trap sans jamais avoir connu le jeu d’origine ? Oui bien sûr, mais la réponse mérite d’être développée.

Tout d’abord, il n’est pas nécessaire d’avoir connu ou fait le jeu sur quelque version que ce soit (Master System, Game Gear, PC Engine ou même Console Virtuelle Wii). Seulement l’aspect "trip rétro" risque de forcément moins parler aux plus jeunes. La possibilité de switcher pourra cependant en amuser certains. D’autres préfèreront peut-être même les graphismes ou les musiques rétro. Sait-on jamais !

Ensuite, il faut comprendre que le jeu respecte totalement le style et notamment la difficulté de l’époque. Le début du jeu est particulièrement cruel car on ne possède qu’un seul cœur, les ennemis sont forts, notre puissance de frappe et notre défense sont faibles. Il va falloir s’accrocher pour survivre ! En cas de Game Over (inévitables au début), vous êtes ramené au village... mais en gardant l’argent que vous avez récolté, ce qui n’était pas le cas dans le jeu original ! Les password de la version d’origine sont toujours là pour le clin d’œil mais ne servent plus à grand chose puisque la partie est sauvegardée lorsqu’on revient au village.

Au fond d’un couloir, on est soulagé de trouver un coffre qui contient un réceptacle de cœur. Les boutiques tenues par un drôle de cochon pirate proposent régulièrement des épées, boucliers et armures qui augmentent votre attaque, votre défense, en plus de vous donner certains attributs spéciaux, comme une immunité à la lave par exemple. Pour les obtenir, il va falloir payer en pièces de monnaie sonnantes et trébuchantes. On les récupère en tuant des montres. Vu le prix parfois très élevé des toutes meilleures armes, les aller-retours pour glaner de l’argent sont recommandés.

Les monstres sont pour la plupart posés à même le sol, sautillent ou volètent. Certains vous poursuivent depuis le ciel comme les nuages à lunettes ou le poisson-chat dans les eaux. Nombreux sont ceux à cracher des boules de feu à l’infini. D’autres vous bondissent dessus sans logique, mettant les nerfs du joueur à rude épreuve. C’est quelque part l’aspect du jeu qui a le plus vieilli. Les boss disposent d’un comportement très limité qui se résume à des allers et venues d’un bord à un autre de l’écran.

Le joueur doit être attentif à son environnement et mémoriser des passages qui lui semblent impraticables de premier abord : il faudra revenir avec de nouveaux pouvoirs et de nouvelles transformations pour passer. Généralement, aucune indication ne vient aider le joueur dans sa progression. Il faudra se débrouiller tout seul, essayer, tester des choses. On vous conseille toutefois d’ouvrir la section "aide" du menu ; vous y trouverez des renseignements déterminant pour comprendre comment marchent les évolutions de votre personnage.

Il n’y a pas que du vieux !

La surprise pour les anciens joueurs vient de l’ajout de quelques phases de jeu par rapport au matériau d’origine. Plus difficiles que le reste, ces séquences utilisent toutes les mécaniques du jeu et demandent à la fois des réflexes et de la réflexion. Elles s’intègrent parfaitement, comme si elles avaient toujours été là. Ces niveaux s’ajoutent à la liste de choses pour espérer compléter le jeu à 100%, comme la quête de toutes les armes et armures. Certaines boutiques ou coffres sont bien cachés derrière des portes ou des murs invisibles.

En plus du personnage de Wonder Boy, une Wonder Girl sortie de nul part est désormais jouable dès le début. Dans le menu principal, une galerie propose de nombreux éléments de making-off comme des illustrations, des animations ou même des vidéos des musiciens en pleine exécution.

Derrière la refonte visuelle et sonore sublime, Wonder Boy the Dragon’s Trap est un jeu "oldschool" à la fois passionnant et exigeant. Les fans de jeu de plateformes 2D à la "Metroïdvania" ne peuvent être que ravis. On rêve déjà au prochain titre que le studio Lizardcube pourrait ressusciter avec autant de brio.