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Test originellement publié sur Eurogamer.fr !
Courir avec la plus grande facilité sur toutes les poutres et racines du paysage, appuyer frénétiquement sur les touches pour se défaire des ennemis au cours de combats un peu téléphonés, vous cacher vaguement dans des buissons pour écouter une conversation, autant de mécaniques connues que l’on retrouve dans chacun des épisodes de la série Assassin’s Creed. Tout cela jeté dans un open-world riche en missions annexes diverses sur fond de combat entre les Templiers et les Assassins. Oui, mais cette fois avec un grand bol d’air marin. C’est bien cela Assassin’s Creed 4 : Black Flag !
Au tout début du 18e siècle, dans les îles des Caraïbes, le pirate Edward James Kenway rêve d’ascension sociale. L’occasion de s’élever lui est donnée lors d’une joute navale alors qu’un rescapé a le malheur de lui en dire trop sur sa mission à même de lui rapporter moult richesses. Kenway poursuit et tue celui qui s’avère être un Assassin et se rend à la Havane pour récolter à sa place la récompense promise par le gouverneur de la ville. Ce dernier s’avère être un Templier dont le but est de mettre la main sur un artefact puissant appelé l’Observatoire. Kenway, déçu par la maigre récompense obtenue, décide de récupérer l’artefact pour son compte. Il recrute un équipage et se lance en pleine mer à la recherche d’informations.
Dans le monde ouvert que représente la grande mer, il n’y a pas à s’inquiéter du vent pour ce qui est de la navigation. Votre bateau se comporte comme une voiture. On peut décider de sa vitesse de pointe.
Il y a bien sûr dans Black Flag des villes gigantesques (principalement la Havane et Kingston) aux magnifiques et différentes architectures. On y trouve de nombreux habitants et une flopée de missions annexes à réaliser pour augmenter ses statistiques à chaque fin de chapitre. Certaines vous sont suggérées en même temps que la mission principale, mais les autres ne se révèleront qu’en flânant dans les ruelles. L’histoire incite plutôt à aller de l’avant dans un premier temps ; les objets à ramasser, coffres, partitions de musique, artefacts ou missions d’assassinat peuvent attendre. Vous reviendrez plus tard.
Et ceci n’est que ce qui est sur terre. Sur la mer, il y autant de choses à faire, si ce n’est plus ! A la barre de votre navire, le Jackdaw, la mer est grande ouverte et tout est accessible. Chaque île peut être accostée pour y découvrir des artefacts secrets. Il suffit d’amarrer votre bateau et d’y aller, aucun temps de chargement ne venant interrompre votre soif de découverte. Seules les grandes villes demandent d’attendre un peu. Des phases de loading vous font incarner Kenway à pied, sur un fond moderne hors sujet. Certaines zones maritimes réservées à la suite de l’histoire sont nappées d’un étrange voile blanc qui fait barrière. Prière de revenir ultérieurement.
La meta-histoire est de retour. Dès le prologue, nous sommes plongé à la première personne dans le corps d’un employé de la compagnie Abstergo. Une société qui ressemble beaucoup à Ubisoft et dont le rôle est d’enregistrer des séquences de l’Animus. Une mise en abime frontale.
Il est possible de n’y passer que quelques minutes pour vite aller rejoindre l’histoire des pirates. Vous pouvez aussi prendre votre temps à observer les employés discuter entre eux d’un nouveau projet révolutionnaire, d’en observer un autre faire une ronde entre son bureau et le distributeur de boissons, qui restera toujours en panne malgré ses multiples essais (je l’ai regardé faire). On finit par en apprendre plus sur la personne qui nous a précédé, Desmond. Les curieux pourront lire les archives mises à notre disposition et découvrir toutes les ficelles de la société Abstergo et les plans concernant Assassin’s Creed 4 : Black Flag.
Une fois sur la mer, c’est à la vie à la mort : les batailles navales feront des dégâts et le seul moyen de réparer est de remporter un combat ou de retourner à quais. Sur votre chemin, vous rencontrez des marins échoués qui gonfleront votre équipage, ou encore des caisses de vivres et de matériaux. Utilisez la longue vue pour repérer et identifier les navires au loin et connaître leur puissance d’attaque et leur cargaison. Il faut bien choisir sa cible car un navire trop fort vous enverrait assurément par le fond. Il est plus sage dans un premier temps de les éviter. Vous aurez votre revanche une fois votre navire correctement équipé. Sur la mer, il sera aussi possible d’explorer des épaves (ce qui nécessite du matériel supplémentaire quelque peu onéreux) mais aussi de procéder à la chasse à la baleine, à bord d’une barque et armé de harpons. Si sur terre Edward est agile et tout-terrain, le Jackdaw est assurément véloce et maniable, que ce soit à vitesse de croisière ou en pleine bataille navale.
Les batailles navales, venons-y. S’il est possible d’éviter les navires ennemis en passant en dehors de leur champ de vision, repérable sur le radar de la carte, certaines altercations seront inévitables. Il est conseillé de tirer avec les canons à l’avant de votre navire tandis que vous êtes encore à distance, ce sera déjà ça de pris. Les navires ennemis sont bien sûr sensibles sur les côtés de la coque et vous devrez concentrer et viser ces parties-là en priorité. Larguez des barils explosifs si vous êtes poursuivi, cela a pour effet de détourner les navires de votre axe. Il faut un certain temps pour comprendre toutes les nuances de la piraterie avant de couler vos premiers navires, certains étant plus robustes que d’autres. Le choix vous est donné de couler ou d’aborder le navire en feu. Vous vous rapprochez, plongez dans l’eau, remontez la coque du navire ennemi et attaquez les rescapés. Attention, ils sont féroces ! Une fois un certain nombre de marins éliminés, les autres se rendent. A vous la cargaison !
Le Jackdaw augmente de niveau tandis que vous coulez des navires. Vous pouvez aussi engager une flotte qui nettoiera les mers pour vous, tuant ou épargnant les rescapés qui pourront alors rejoindre vos rangs.
Le sentiment d’être à la merci des océans est renforcé par le déchainement des vents, la présence de tornades à éviter ou encore ces vagues immenses qu’il faudra absolument prendre de front, sous peine d’être renversé. Les matériaux récupérés sur les navires que vous avez abordé en temps réel servent à upgrader votre navire, le rendant beaucoup plus résistant, renforçant ses techniques d’attaque ou encore changeant son apparence. L’histoire est une chose, mais l’équipement est finalement une grande source de motivation pour aller de l’avant. Les puzzle Maya cachés sur les différentes îles révéleront leur histoire mais aussi cet équipement présenté dans votre inventaire. Vous poursuivez les templiers détenteurs de clés parce que vous avez vu l’armure enfermée à double tour et qu’elle est magnifique, plus que pour l’histoire elle-même, qui reste assez convenue. D’ailleurs, quelle histoire ? Face à toutes les possibilités d’exploration offertes il est possible que vous la perdiez de vue. Sortez la longue vue ! Et si vous n’aimez pas customiser, il est possible que les enjeux narratifs ne suffisent pas et que vous restiez un naufragé échoué sur une île déserte.
La liberté est là. Vous pouvez reprendre la mer comme bon vous chante, passer en vitesse de croisière, profiter de la vue offerte par l’angle de caméra qui s’installe alors et écouter votre équipage scander des refrains plein d’espoirs et de rêves de richesse. Un peu de calme ne fait pas de mal.
Lorsque l’histoire ou la curiosité vous ramène à la terre ferme, vous retrouvez les marques de la série. Les missions requièrent des talents de course, d’assassinat discret, de chasse, de crafting et d’infiltration. Kenway a toujours sa Vision d’Aigle pour identifier les types de personnages ou d’éléments. Les buissons vous cachent comme par magie du regard de gardes pas vraiment efficaces. S’ils vous voient, il leur faut un temps pour confirmer leurs suspicions, symbolisé par un camembert qui se remplit en quelques secondes. Si vous avez eu le temps de vous cacher, ils vous oublieront simplement. Les cadavres de leurs compagnons ne semblent pas les préoccuper plus que cela. De même dans les poursuites, il suffit de s’isoler ou de quitter une zone surveillée indiquée sur la carte pour échapper à leur attention. L’assassinat par derrière reste l’option la plus efficace si il n’y a pas de témoins. Siffler depuis un fourré ou un coin de mur pour attirer l’attention d’un garde et le surprendre reste un grand classique. Il est conseillé d’éviter les combats au poing ou à l’épée si vous êtes entouré de plusieurs hommes : ils sont beaucoup plus forts que dans les précédents épisodes et les déconnexions (game over) sont très fréquentes. Dans cet épisode, plus de potion, votre barre de vie remonte toute seule, et assez lentement.
Le jeu abonde encore une fois de tutoriaux, ce qui a pour effet de ralentir énormément le rythme de Assassin’s Creed 4 : Black Flag. Le jeu nous prend vraiment par la main, et ce en permanence, pour nous expliquer comment les choses fonctionnent, et ce même si on l’a déjà fait peu de temps avant. Par contre, quand il s’agit de nous expliquer la chasse à la baleine, il n’y a plus personne. Étrange.
Dans chaque ville ou île, il y a des points d’observation d’où regarder les alentours. Pour ce qui est de la carte des mers, il faudra prendre d’assaut les forts. Une fois un endroit exploré, il est possible de s’y téléporter à loisir.
Cette année, les fans du multiplayer d’Assassin’s Creed pourront utiliser le Game Lab, un éditeur de modes de jeu où l’on pourra customiser certaines caractéristiques et règles, et les partager avec des amis.
Cela est en plus des modes déjà existants comme Wanted ou Chasse à l’homme qui sont cette fois-ci sur fond de paysages des Caraïbes. Présent dans le précédent jeu, le mode Meute introduit une petite campagne où vous et vos amis pouvez participer à des scénarios plus ou moins difficiles contre l’IA.
Le multiplayer d’Assassin’s Creed reste sympathique. On prend plaisir à chasser d’autres joueurs, tout en restant incognito. On regrettera l’absence de mode multijoueur pour les batailles navales, qui ont été un vrai défi à réaliser pour le mode solo par les équipes d’Ubisoft.
Une fois que l’histoire se débarrasse de sa fonction de manuel d’instruction, Black Flag s’épanouit un peu. Vous arrivez à Nassau, le repaire des pirates, où vous retrouvez les compagnons d’Edward : Charles Vane, James Kidd et bien sûr Barbe Noire. Chacun a son propre agenda et partage ses plans avec vous. Les objectifs de chacun semblent différer. Barbe Noire ne croit pas dans les plans de conquête d’Edward et considère sa recherche de l’Observatoire comme une chimère. Les différents compagnons sont intéressants, bien joués, et bien doublés pour la plupart, même si en français James Kidd semble un peu à côté, renforçant malgré tout le côté juvénile et androgyne du personnage. Edward prend conscience qu’il ne peut pas faire les choses seul. Il gagne en collaborateurs et en puissance, renforce sa conviction dans un monde en profond changement. Lui ne change pas, il ne fait que devenir celui qu’il a toujours voulu être, quitte à établir des méfaits. L’héritage qu’il crée reviendra aux personnages que l’on connait déjà, et dont le sort sera bien différent. Edward aura néanmoins quelques surprises, et l’attrait d’Ubisoft pour la science-fiction un peu rock’n roll y sera pour quelque chose.
Il y a de très nombreuses missions d’assassinat, autant sur terre que sur mer.
Selon votre attachement à la série, Assassin’s Creed 4 : Black Flag peut tout à fait devenir le vilain petit canard de la fin d’une génération : des mécaniques de jeu vues et revues, une histoire floue et peu intéressante. La trentaine d’heures de jeu nécessaire pour finir le premier jet n’évitent pas de longues phases d’ennui. Il reste que les développeurs ont su retravailler les petits travers de la série. Les phases contemporaines discutables sont réduites au strict nécessaire, juste de quoi montrer les manigances des Templiers et assouvir la curiosité, à défaut de développer. L’immersion dans les années de la grande piraterie est bien là, avec le plaisir des grandes découvertes. Le jeu révèle aussi un personnage entier, celui de Edward James Kenway, qui a su accomplir son rêve, avec un coup de pouce et beaucoup d’efforts.
Les avis et conclusions du rédacteur
La conception du jeu (Game Design) : Un Open World sur terre. Les villes sont agréables à arpenter et regorgent de missions que l’on est libre de prendre, quitte à laisser la trame principale de côté pendant quelques heures. Un Open World maritime vaste avec beaucoup d’éléments à gérer sur place. Beaucoup de cinématiques, de phases de turorial, et toujours cette mise en abime de Abstergo qui vient rompre la magie.
Avis du rédacteur : BON
Prise en main : Kenway est plus agile que jamais et il est très facile de se déplacer de toit en toit, de poutre en poutre. C’est un véritable plaisir. Les phases furtives, de combat et d’assassinat ne sont pas des plus précises et l’ennui intervient rapidement. Sur la mer le bateau est assez simple à prendre en mains et à gérer. Les phases d’abordage sont plutôt réussies mais deviennent vite répétitives.
Avis du rédacteur : BON
L’univers : C’est là la force de Assassin’s Creed 4 : Black Flag. A défaut d’être particulièrement mémorable, l’univers retranscrit est redoutablement efficace. Les personnages arrivent à être attachant. Les villes sont magnifiques. Les environnements naturels aussi. C’est l’aventure !
Avis du rédacteur : TRÈS BON
Points forts :
- Un univers vraiment chouette : les villes, la mer
- Kenway et ses compagnons
- Tout peut être exploré
- Ambiance réussie
- Graphismes réussis
Points faibles :
- Le concept d’Abstergo qui divise
- La répétition des différentes actions
- L’histoire pas assez entraînante
- Trop de tutoriaux
- Infiltration un peu chiche, gardes pas au top
Assassin’s Creed 4 : Black Flag ne révolutionne pas la série mais offre un univers rafraîchissant qui masque aisément l’intérêt relatif des différentes missions proposées.