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Wii fin 2008 : l’heure du bilan

, par RYoGA

Déjà préoccupante l’année dernière, la situation ludique de la Wii offre pour les joueurs de longue date un bilan sans appel en cette fin d’année 2008 : désolant. Chez Nintendo : Wario en septembre, Disaster en octobre, Wii Music en novembre, Animal Crossing en décembre... Il est possible que je ne prenne aucun de ces jeux, car aucun ne me semble indispensable. Mais n’est-ce pas un comble de se dire qu’aucun des jeux proposés par Nintendo ne soient à notre goût de gamer cette année ? Vais-je me rabattre sur l’un d’entre eux, faute de mieux, car ce sont les seuls disponibles sur mon unique console de salon ? Vais-je me tourner vers les jeux des éditeurs tiers ? Même pas, ces derniers ne proposant pas grand chose de mieux... Cette fin d’année est celle des joueurs occasionnels, qui se contenteront de jeux allégés ou de suites simplifiées. Le joueur confirmé peut quant à lui aller se rhabiller.

Nous savons comment Nintendo réussi à imposer ces titres qui à une autre époque auraient été considérés comme mineur : en évitant toute confrontation avec des jeux de meilleure facture. D’ailleurs ces jeux existent-ils vraiment ? La réponse semble tomber sous le sens puisqu’aucune annonce de jeux un temps soit peu ambitieux ne sortent plus de chez Nintendo depuis des mois... Cette nouvelle politique de "l’assoiflement" consiste bel et bien à ne plus rien annoncer par avance, pour concentrer l’attention des joueurs sur les derniers produits sortis. Mais si le joueur occasionnel ne suit pas l’actualité et n’est réceptif qu’aux publicités diffusées lors de la sortie des jeux, le joueur passionné avide de projections et d’espoirs concernant son média de prédilection ne peut qu’être contrarié par la tournure marketing draconienne. Wii Fit, qui aura fait couler beaucoup d’encre (et de sueur) est en cette période de fêtes à nouveau sous les projecteurs. En gros Nintendo n’a plus besoin de sortir de nouveaux jeux : il tient son "nouveau Mario", son "nouveau Nintendogs" à même de faire vendre la console à un public toujours plus grand.

C’est ainsi qu’à l’E3 dernier Nintendo avait concentré sa conférence autour de Wii Music. L’E3 étant un événement suivi par des joueurs passionnés et non le public large visiblement ciblé par ce logiciel, ce dernier a donné à Nintendo une bien mauvaise image auprès des joueurs avertis. D’où la nouvelle conférence où Nintendo s’est semble t-il forcé à faire quelques annonces des prochains jeux prévus sur Wii. Forcé car ces annonces n’avaient encore une fois rien de bien folichon. Ces annonces avaient-elles pour but de rassurer les joueurs - ce qui fut loin d’être le cas, mais pallie dans une moindre mesure la casse déjà engendrée - ou de les convaincre que les jeux sur le point de sortir sont ce qui est proposé de mieux à l’heure actuelle sur la console ? On se pose encore la question, tant au final on reste le ventre vide et les dents creuses...

Chez les éditeurs tiers le constat n’est pas mieux : Passées les premières exclusivités et la vague de mauvais jeux développés à la va-vite, nous assistons aujourd’hui à de nombreux portages opportuns ; la vague est quant à elle devenue une marée. Il est difficile de faire confiance aux jeux des éditeurs tiers, et quand bien même certains -rares- sortiraient du lots, ils sont immédiatement étouffés par la masse de jeux bon marché qui font de la console une console populaire. Je ne parlerais pas de la virtual console, qui continue son petit bonhomme de chemin, et qui n’a aucun mérite particulier. Ni du Wiiware qui, bien qu’indiscutablement un service tourné vers l’avenir, est encore un peu trop jeune pour souffrir d’un bilan affirmé.

Ce qui déçoit aussi finalement c’est le manque d’utilisation des fonctionnalités premières qui font de la Wii une console non ordinaire... La reconnaissance des mouvements, le micro, et les quelques spécificités du hardware, tout comme ses accessoires (zapper, balance board...) sont sous-exploités dans les jeux, voire même pas exploités tout court. Phénomène que l’on observe aussi avec la DS : on a gagné une ergonomie avec l’écran tactile mais les jeux qui l’utilisent intelligemment se font rare. On ne peut blâmer Nintendo qui s’est fait pionnier et qui entretient ses concept, mais force est de constater que Nintendo lui-même semble baisser les bras vis-vis de ces innovations et les utilise de façon moins ambitieuse qu’à ses débuts (comparons Wii Sport ou Metroid Prime 3 à Wii Music ou Wario Land Shake par exemple...).

Voilà aujourd’hui le genre de déclarations auxquelles on a droit : "David Yarnton, Général Manager de Nintendo au Royaume-Uni, pour répondre au mécontentement des gamers, a déclaré : « C’est faux [...] nous n’avons jamais négligé les gros joueurs. Nous avons toujours des développeurs travaillant sur des franchises core gamers mais nous avons besoin de plus de temps pour les terminer, environ 2 ou 3 ans. » Mais que foutent-ils depuis deux ans ??

Nintendo se devait de réagir suite au succès de sa console et l’alimenter en jeux de qualité. Ce n’est toujours pas le cas. Les fonds engendrés par le succès n’ont jusqu’à présent pas pris la forme de jeux, mais servent le marketing "rouleau-compresseur" de l’éditeur. Si Nintendo gagne plus de public autrefois non-joueur qu’il ne perd actuellement de joueurs avides de programmes de qualité, tant mieux pour eux. Or dans la dynamique actuelle nous sommes juste une espèce en voie de disparition. Nous irons bouquiner ou faire du rodéo à la place. Mais que Nintendo ne sorte pas une simulation de lecture (la lecture dans Docteur Kawashima-truc c’est nul) ou de rodéo (non je ne donne pas une idée bon sang !!) pour tenter de nous donner des remords. On ne reviendra avec cœur que quand il y aura de bons jeux.

Et oui, Link tire la gueule...

1 commentaire

  • #
    31 octobre 2008  11:27

    C’est intéressant ta manière d’envisager la stratégie marketing de Nintendo, l’assoiffement.

    Je n’y avais pas pensé, et c’est vrai qu’elle permet ce que tu dis : concentrer l’attention sur le dernier jeu. Longtemps Nintendo a siphonné les éditeurs tiers pour s’en sortir avec les honneurs, et maintenant ils font eux-mêmes attention de ne pas se vampiriser. Finalement c’est tristement logique .