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NEVA, du gris en couleurs

, par RYoGA

NEVA est le nouveau jeu par les créateurs de GRIS (2018). Il nous met dans la peau d’une jeune héroïne accompagnée de Neva, un loup blanc, en lutte contre des ennemis de l’obscurité.

GRIS était une aventure sensible à la limite de l’ésotérisme, qui nous plongeait dans de magnifiques décors entre Salvatore Dali et Giorgio de Chirico pour nous conter le deuil amoureux de l’héroïne aux cheveux bleus. Une œuvre artistique magistrale qui pris la forme d’un jeu vidéo classique mais fascinant de beauté.

Avec NEVA, on revient à des thématiques plus concrètes et universelles avec des personnages qui traversent les saisons, à commencer par l’été. L’héroïne est accompagnée d’un loup blanc et peut cette fois se battre à l’épée contre des ennemis obscurs et gluants. Neva, le loup, pourra également être mis à contribution dans le gameplay.

Tout comme GRIS, NEVA est beau à en crever. Que ce soit les décors, les ambiances et les quelques séquences animées, on nage en pleine féérie, mais pas seulement, les séquences cauchemardesques étant également présentes. Les artistes se reposent cette fois sur des décors de la nature qui varient selon les saisons, ce qui, bien que magnifique, est pour le coup bien plus classique. On pense immédiatement à du Ghibli. Le jeu impressionne plus artistiquement parlant quand il revient lorgner sur l’héritage de GRIS et ses structures monumentales ou encore ses séquences graphiques de cauchemar hallucinées.

Autant GRIS était une balade philosophique à l’intérieur d’une psyché malmenée agrémentée de structures puzzle discrètes, autant NEVA s’oriente plus vers le jeu d’action avec des séquences de combat qui entrecoupent les marches et les quelques phases de puzzle.

En permettant à notre personnage de combattre, on oriente alors malheureusement tout le jeu vers quelque chose de vue et revu ailleurs. Il nous est demandé d’observer et apprendre les comportements des ennemis et le bon timing pour contre-attaquer. C’est souvent difficile. Notre personnage meurt alors dans une animation brutale et violente en plein écran, bien loin des rêveries précédentes.

Si certains avaient trouvé GRIS trop pacifique, j’avais pour ma part justement apprécié que le titre s’affranchisse de scènes de combat. On rencontrait quelques émanations ennemies, mais on n’allait jamais au contact avec elles, ce qui allait parfaitement avec la thématique du jeu. Dès le premier combat de NEVA, j’ai soupiré : les ennemis sont des monstres tout droit inspirés des sans visages du film Ghibli le Voyage de Chihiro, eux-même inspirés des Yokaï (fantômes) du folklore japonais. Ce type d’ennemis, bien que superbement animés, est devenu un cliché car on trouve partout, cette année pas plus loin que dans le jeu Planet of Lana.

Les combats s’avèrent parfois retors. N’étant personnellement pas toujours capable d’exécuter des actions rapides et coordonnées dans ce type de jeu - je suis très mauvais aux jeux de rythme et je me demande encore comment j’ai réussi à finir l’excellent Metroid Dread - j’aurais pu lâcher la manette si le jeu n’avait pas la bonté de proposer un mode "Histoire". ce dernier vous exempte des dommages ennemis et vous laisse les frapper quand bon vous semble, sans avoir à subir le stress accompagnant ce genre de séquences millimétrées. Pour moi, il n’y a aucun mal à zapper cet aspect du jeu que je ne trouve pas judicieux et qui ne colle pas à l’ambiance. En cela, merci Nomada Studios, vous avez sauvé votre jeu du désastre en ce qui me concerne.

NEVA a le bon goût de proposer des séquences esthétiquement remarquables et de nous emmener bien plus loin que les quatre saisons quand l’implication émotionnelle des personnages prend le dessus. C’est aussi le moment où le gameplay s’enrichit de nouvelles attaques et où de très courtes phases de puzzle nous mettent un peu la tête à l’envers.

Le jeu reste toutefois très court, et encore plus si vous activez le mode histoire. Loin d’être un défaut, il faut bien avouer que la brièveté de l’ensemble surprend. On enchaîne les saisons certes, mais certaines sont plus longues que d’autres sans véritable raison. Quant au final, il est véritablement expédié.

Si GRIS pouvait rebuter par son hermétisme, NEVA, en essayant d’être plus compréhensible et universel, perd en originalité. À ce jour, Inside reste le seul chef-d’œuvre du genre.

Pour ses qualités présentées, NEVA est sans aucun doute mon coup de cœur de l’année 2024. GRIS était lui-même un de mes jeux préférés de 2018, et avec le temps a su s’imposer pour moi comme un titre incontournable. Nous verrons si avec le temps NEVA vieilli aussi bien.