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Parce que je n’y jouais que de temps en temps, j’ai mis trèèèès longtemps à finir Shenmue. Je n’avais pas ma Dreamcast sous le coude, ce qui rendait la chose plus difficile. Mais il est vrai que le jeu m’a accompagné pendant ces quelques trois années, comme une nouvelle petite bulle de plaisir que je savourais lentement. La joie et la tristesse de finir ce jeu exceptionnel.
Monument de la Dreamcast, la dernière console de SEGA, Shenmue est un jeu d’exploration/aventure qui se déroule dans le Japon contemporain en 1986. On y incarne Ryo Hazuki, un jeune disciple en arts-martiaux dont le père est tué au début de l’aventure par un mystérieux ennemi qu’il n’aura cesse de poursuivre. Pour retrouver sa trace, Ryo va questionner tout son voisinage et remonter la piste petit à petit.
Le jeu est entièrement en 3D, ce qui, vu le degré réaliste des environnements est, encore aujourd’hui, exceptionnel. Le jeu n’est composé que de quelques localités mais on prend un plaisir fou à visiter les centres résidentiels, la rue principale, les entrepôts et les quelques surprises, d’autant plus que tout est en temps réel et que les habitants, nombreux, vaquent chacun à leurs occupations. Les personnages sont tous animés et doublés avec un soin particulier. La mise en scène est excellente : le choix des angles de caméra est certes scolaire mais judicieux et d’une qualité assez rare pour le souligner !
Beaucoup de choses sont interactives, on peut rentrer dans beaucoup de maisons, sonner aux portes, ouvrir des placards, prendre des boissons dans les distributeurs. L’intrigue et les dialogues des personnages évoluent au fur et à mesure que l’on découvre les bons indices. Avec Majora’s Mask, Shenmue est le seul jeu que je connaisse à créer une ambiance de jeu supérieure qui soit autant immersive. D’ailleurs question immersion, Shenmue se classe en haut du podium avec des dialogues réalistes variés et abondants, et sa galerie de personnages hauts en couleur. Pour nous occidentaux, ce n’est pas notre quotidien, c’est celui d’un jeune idéaliste japonais des années 80 dans un village typique : cela ne peut qu’être dépaysant.
Shenmue abonde de cinématiques, de cinématiques interactives (à dose de QTE, quick time event), de choses à faire en fonction du calendrier. Le seul défaut du jeu est la lourdeur de Ryo qui est un peu raide et délicat à manœuvrer (les chariots que l’on conduit un peu plus tard dans le jeu le seraient presque plus !). Comme on passe son temps à courir dans les ruelles avec la gâchette gauche de la manette Dreamcast, on en sort avec quelques crampes ! L’histoire est joliment écrite, les séquences variées et la contemplation jamais bien loin.
Un remake HD est attendu depuis belle lurette... en vain. J’ai donc eu le temps de le finir dans sa version d’origine. Et je pense enchaîner avec la suite qui réserve visiblement beaucoup de surprises !
(le dessin issu de mon livre Game & Draw !)
Edit 2018 : J’ai réalisé une vidéo du début du jeu (version HD) !