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Aladdin, version Super Nintendo VS Megadrive

, par RYoGA

A l’image du débat fratricide qui régnait dans les années 90 entre la Super Nintendo et la Megadrive, le duel qui opposa fin 1993 les versions d’Aladdin sur les 16 bits rivales fut de loin celui qui divisa le plus les joueurs, jusque dans les cours de récré !

La raison principale : les deux titres ne sont pas les mêmes. Il n’est donc pas question ici de savoir si une des deux versions est techniquement supérieure à une autre, mais bien de déterminer laquelle est ludiquement la meilleure.

L’histoire commence au CES de Las Vegas, le grand salon américain du jeu-vidéo (l’E3 n’apparaitra qu’en 1995). Capcom, qui s’est déjà illustré avec Mickey’s Magical Quest sur Super Nintendo est en charge de la version de Aladdin sur cette même console. On découvre un jeu coloré, typique de la société qui a créé Ghouls’n Ghosts.

La surprise va venir du côté de l’éditeur Virgin Games qui présente sa propre version d’Aladdin. Le jeune David Perry, un programmeur qui monte dans la société, et qui a déjà sorti Global Gladiators et Cool Spot la même année, a planché d’arrache-pied pendant plusieurs semaines pour livrer la version présentée. Une étroite collaboration avec Disney a été entretenue dans le développement du jeu et cela se sent : les décors, la musique comme l’animation du jeu sont remarquables. Aladdin version Megadrive impressionne et, selon la rumeur, oblige même Capcom a revoir sa copie. Mais le timing est trop juste et les jeux sont faits : dans quelques semaines c’est noël et les deux versions d’Aladdin sont lancées sur le marché.

De là naîtra la supériorité proclamée de la version Megadrive sur la version Super Nintendo. Mais qu’en est-il vraiment ? Fin 1993 j’ai eu la chance d’avoir les deux versions. D’abord la version Megadrive, sortie fin octobre/courant novembre, puis la version SNIN, sortie courant décembre.

La version Megadrive

Aladdin sur Megadrive se présente comme un jeu de plateformes 2D classique. Il faut progresser dans les niveaux (souvent vers la droite, parfois sur la gauche ou sur différents étages) et collecter des morceaux de scarabés qui débloquent des mini-jeux bonus entre les scènes. Ramasser des diamants permettra d’acheter des objets au stand du colporteur que l’on trouve une fois par niveau.

Le jeune Aladdin ne saute pas sur ses ennemis pour les assommer. Il combat à l’épée, ce qui donne parfois quelques joutes dignes de Prince of Persia contre les gardes du palais. On bourrine beaucoup, et parfois un coup vient à être bloqué, ce qui génère un petit flash lumineux accompagné d’un son distinctif, le tout apportant beaucoup de dynamisme à l’action. Aladdin peut balancer des pommes pour étourdir les gardes. Certains en perdront même leur culotte ! A part ça Aladdin saute de plateforme en plateforme, et grimpe à des cordes. Il est possible d’incarner Abu dans certains mini-jeux, ce qui est follement amusant.

Le gameplay est de bonne facture. Aladdin glisse sur l’écran avec élégance et les collisions avec les ennemis sont parfois approximatives. De même, marcher sur les plateformes n’est pas toujours lisible tant les décors sont chargés. Cela n’est pas très gênant en soi (on n’est pas dans Fantasia !) et apporte un certain cachet au jeu.

La réalisation est évidemment le gros point fort de cet épisode. Les graphismes ont une envergure rarement atteinte à l’époque, l’animation est détaillée avec minutie chez tous les personnages et les musiques sont fidèles à l’animé et impressionnent sur Megadrive.

Le jeu est d’une difficulté raisonnable, et devient difficile sur la fin, notamment à partir de la séquence en tapis volant dans la caverne des merveilles en éruption. Un passage sur lequel je me serais bien pris la tête et qui m’avait occasionné quelques migraines !

Au final Aladdin sur Megadrive est un excellent jeu de plateformes de la console, et l’un des meilleurs Disney aux côtés de Castle of Illusion et Quackshot et le Roi Lion.


La Version Super Nintendo

La version Super Nintendo, bien qu’à nouveau un jeu de plateformes en 2D, est donc tout à fait différente. Aladdin ne se bat pas à l’épée mais revient aux classiques : il saute ses ennemis les deux pieds en avant et rebondit sur eux en faisant un joli salto !
Il est ainsi possible de sauter d’ennemi en ennemi en calculant bien l’envergure de ses mouvements. La même chose sur des corniches. Aladdin peut ici s’accrocher à tous les rebords qu’il croise et les utiliser pour se hisser. Il peut aussi utiliser un drap comme parachute. Bref, dans cette version, Al est un véritable acrobate ! Ces facultés sont de loin le plus gros point fort du jeu qui devient très agréable à pratiquer.

Dès le début Aladdin est suivi par le petit singe Abu. Cela ne sert absolument à rien, à part d’être mignon. Dommage qu’un mode deux joueurs n’ait pas été inclus. Il est possible qu’il est été pensé mais finalement pas intégré à temps.

Le jeu est extrêmement coloré. L’ambiance est parfois bon enfant, comme avec le niveau du génie, mais parfois plus intense passé les premiers niveaux. Les musiques sont moins fidèles au film mais correspondent bien à ce que l’on attend d’une bonne musique de jeu à l’époque. Le jeu est très facile et peut se faire d’une traite sans forcer. Il prend quelques liberté avec le scénario du film en nous emmenant dans une pyramide où Abu s’est perdu après être tombé du tapis magique ! La quête des diamants roses, dont il faut mémoriser les emplacements pour certains, est une excellente occasion de refaire le jeu.


J’avoue, j’ai un coup de cœur pour cette version !

A présent comparons !

Beaucoup s’accordent pour dire que la version Megadrive est la meilleure... Il est vrai que cette version en impose, là où la plupart des déclinaisons de jeux SEGA souffraient de la comparaison avec leurs versions Super Nintendo. Le level-design me semble beaucoup plus intéressant sur SNIN, du fait de toutes les intéractions possibles d’Aladdin avec les décors. On est aussi plus dans une expérience de jeu classique, là où la version Megadrive arrive à nous projeter à la fois dans un jeu et dans une sorte d’immersion directe avec le film (du moins c’est ce que l’on ressent à l’époque).

Quoi qu’il en soit les deux jeux sont excellents et il serait dommage de passer à côté de l’un ou de l’autre !

A noter qu’il y a eu des versions 8 bits Nintendo qui reprennent... la version Megadrive ! Et une version Sega Master System encore différente ! Cette version alterne niveaux de courses poursuite et de plateformes et se finit... en une heure ! En dehors de sa durée de vie ridicule, il s’agit d’un bon jeu !


Et vous, quelle version préférez-vous ?

Je vous invite également à (re)lire le petit article que j’avais fait sur les jeux Disney sur Megadrive !

2 commentaires

  • #
    8 décembre 2012  18:32

    En regardant les jeux réalisés par David Perry, je me rends compte que Cool Spot est en fait une publicité pour la marque de soda Sprite et que Global Gladiators est un jeu réalisé pour... Mc Donald’s !
    Etait-ce fréquent que des jeux soient réalisés à buts publicitaires ? est-ce que ça existe encore ?

  • #
    10 décembre 2012  02:13

    La pub dans les jeux vidéo, vaste sujet !..
    Et en fait non, il y a peu de jeux qui soient explicitement réalisés pour soutenir une marque ! Je te renvoie à ces liens pour voir un peu la situation aujourd’hui (assez sage) : http://www.gamekult.com/f/la-publicite-dans-les-jeux-video-GP2000072.html
    Cool Spot et Global Gladiators étaient donc vraiment des cas uniques. Fido Dido et Ronald Mac Donalds ont quand même eu leurs propres jeux de plateformes en tant que personnages de jeux, preuve de la force de ces marques dans le secteur vidéoludique !