RYoGAmeOver

gameover > Tests > Test : Pandora’s Tower

Test : Pandora’s Tower

, par RYoGA

Après Xenoblade Chronicles et The Last Story, Pandora’s Tower conclut de belle manière le trio infernal des très bons RPG sur Wii. Quelle est l’originalité qui fait de Pandora’s Tower une œuvre à part entière ?

Test publié sur Puissance-Nintendo

Pourquoi pas la boîte ?

Au Royaume d’Elyria, la cérémonie de la fête des récoltes ne se déroule pas comme prévu. Elena, la demoiselle d’honneur, voit sur son dos apparaître une marque qui sera le signe de sa malédiction. Au milieu de la foule paniquée par l’arrivée d’une entité maléfique, le chevalier Aeron emmène la jeune femme à l’abri du danger. Ils se font interpeller par une vieille sorcière repoussante, Mavda. Elle porte sur son dos une créature encore plus laide qu’elle et semble en savoir beaucoup sur la malédiction d’Elena.

Mavda les mène jusqu’à un endroit éloigné du royaume, la brèche des terres d’Okanos, qui abrite treize tours. Elle leur apprend qu’Elena est amenée à se transformer en monstre si elle ne parvient pas à manger la chair des maîtres de ces donjons. Alors qu’ils arrivent à une petite demeure en bord de la falaise des tours, ils ne peuvent en effet que constater la progression horrible de la transformation de la jeune femme. Aeron doit faire vite s’il veut sauver sa bien-aimée d’un sort funeste. Il part affronter son destin.

Voilà ce que nous montre en deux minutes la superbe cinématique d’introduction de Pandora’s Tower. Beaucoup de questions nous viennent en tête sur les origines de ce drame, comme celles de ses protagonistes. Heureusement, l’histoire reviendra progressivement sur les événements.

Dans l’donjon tout est bon !

Voilà donc le chevalier amené à arpenter les salles d’un premier donjon. Composé de multiples étages et portes à ouvrir par des mécanismes de toutes sortes, voilà une tour que ne renierait pas un jeu de la saga Zelda. L’objectif principal est de briser les chaînes qui entravent la porte du maître des lieux. À l’entrée du donjon, un colosse de pierre tient entre ses mains le nombre de chaînes qu’il vous faudra trouver et détruire. Vous n’avez plus qu’à les suivre le long des couloirs et étages pour trouver leur point d’encrage. N’hésitez d’ailleurs pas à ouvrir la carte des lieux dans votre inventaire : vous pouvez observer les étages, voir quelles sont les portes à emprunter et où se trouvent les zones non explorées.

Les donjons se débloquent dans un premier temps les uns après les autres. Si ce sont toujours des univers de pierre d’un même style architectural, les thèmes changent et font la part belle aux quatre éléments. Là-dedans, bestiaire comme mécanismes de gameplay ne cessent d’évoluer et de nous surprendre. Le level design est un des gros points forts du titre. On n’en avait pas retrouvé de tel depuis des lustres. Si bien qu’on pourrait le qualifier "d’old school" : complexe et exigeant.

Et si un donjon bien pensé c’est bien, un donjon que l’on arpente avec un gameplay d’enfer, c’est encore mieux !...

À moi, "chaîne nébulaire" !

En plus de son épée et de deux autres armes de poing qu’il sera mené à trouver rapidement, Aeron dispose d’une chaîne que le chevalier d’Andromède de Saint Seiya n’aurait pas reniée. Multi-usage, la chaîne est un élément central du gameplay. Elle permet à la fois de se battre et d’interagir avec le décor.

Au combat, vous pouvez la lancer sur un ennemi pour l’emprisonner et lui infliger des dégâts. Il suffit pour cela de donner un bon coup de WiiMote pour que la chaîne claque et libère son pouvoir destructeur ! Alors que, comme un poisson, vous ferrez votre adversaire, vous pouvez le garder en joue et tirer à contre-sens pour canaliser le pouvoir de la chaîne. Son éclat n’en sera que plus puissant ! Il est possible aussi d’envoyer les ennemis valdinguer plus loin, contre un mur, contre un autre ennemi ou même de le faire tourner autour de soi pour infliger un maximum de dommages collatéraux ! Lier deux ennemis et en frapper un verra les coups se répercuter aux deux ennemis !

Le pointeur de la WiiMote permet de décider de l’endroit où l’on projette sa chaîne. Un zoom sur l’image aide à sélectionner, tel un chirurgien, la partie du corps de l’adversaire que vous souhaitez l’empoigner. Attraper un bras armé ou une tête casquée fera voler l’équipement ennemi en éclats. Saisir la tête l’empêchera de vous voir (il donnera alors des coups désespérés dans le vide !). Attention, saisir un bras n’empêchera pas un adversaire de vous ramener violemment vers lui ! Il est recommandé de saisir le corps ou les pieds pour être sûr de l’immobiliser. Et alors que l’ennemi périt dans une gerbe d’énergie rouge, il est temps de prélever sur lui un artefact, ou mieux, une livre de chair fraîche. De la partie du corps sélectionnée dépendra la nature de l’objet.

La chaîne permet enfin d’interagir avec les décors. À vous de repérer les prises murales, les crochets, les interrupteurs, ou les roches-prises à balancer pour en faire de nouvelles ! Les énigmes ont le brio de se renouveler et de se compléter sans cesse ! L’apprentissage de cette arme s’effectue de manière progressive, et si la chaîne peut sembler récalcitrante au début, elle n’aura, au bout de quelques heures, plus aucun secret pour vous. Vous n’aurez alors plus aucune raison de ne pas... vous déchaîner !

Si la manette classique pro est compatible avec le jeu, on ne saurait, pour une fois, que trop vous conseiller le duo WiiMote/nunchuck tant l’expérience est parfaitement calibrée et ergonomique. Pointer le curseur sur l’écran pour balancer la chaîne n’a rien de comparable avec le stick droit de la manette classique.

Le retour de Majora’s Mask

Élément ô combien capital de Pandora’s Tower : vous ne pourrez pas prendre tout votre temps dans les donjons. Une jauge vous indique à quel rythme évolue la malédiction de votre bien aimée. Si elle atteint son stade critique, c’en est fini de la douce Elena qui sera devenue une bien hideuse créature. Le fatidique "Game Over" apparaîtra et vous serez alors ramené au tout début du donjon en cours, avec tout à refaire.

Votre objectif sera donc de progresser un maximum dans les donjons et d’en revenir suffisamment tôt pour livrer le pain quotidien de la damnée, de la chair de monstre fraîchement récoltée. S’il s’agit de la chair du maître du donjon, vous pourrez alors progresser dans l’histoire. S’il ne s’agit que de la chair d’un monstre quelconque, la malédiction sera plus ou moins repoussée, selon la "qualité" de la chair en question. Mais pour avancer dans l’histoire, vous serez bon pour retourner au combat.

Nombreux sont ceux qui n’ont pas aimé The Legend of Zelda : Majora’s Mask pour son système de temps limité pour l’exploration des donjons. Pandora’s Tower utilise le même procédé, en moins contraignant toutefois. Toute l’action de jeu se déroule entre deux lieux, le donjon en cours et l’observatoire où se sont réfugiés les protagonistes. Il est donc facile d’aller de l’un à l’autre et nul besoin n’est de retraverser les campagnes comme cela avait pu être le cas avec Majora’s Mask.

D’autre part, comme pour le Zelda, on ne saurait que dire du bien de cette règle du jeu qui amène le joueur à gérer son exploration et à optimiser son temps. Et que dire de ce stress supplémentaire permanent qui trouve son paroxysme alors que l’on est en plein combat contre un boss et qu’il ne reste plus que quelques minutes avant l’échéance ! C’est l’essence même du jeu, et comme nous allons le voir, l’essence même de son ambiance...

Chérie, regarde ce que j’ai amené pour dîner !

Mais revenons à notre chair de monstre et notre malédiction. Lorsque vous en offrez pour la première fois à Elena, sous le conseil de la vieille Mavda, vous avez mal pour la jeune femme. Va-t-elle vraiment devoir manger cette chair fraîche ? Vous voyez-vous manger un cœur de bœuf encore chaud ? C’est donc dans un climat de relative horreur que la délicate demoiselle ingurgite le met que vous lui avez apporté. Elena subit alors un choc - on la comprend - et tombe dans les pommes. Le signe dans son dos réagit. Les horribles marques de la transformation se résorbent. Vous mettez Elena au lit et attendez son réveil.

Ce n’est que le début d’une longue croisade contre cette malédiction. Si, lorsque vous êtes à l’observatoire, la malédiction est "en pause" (il vous faut bien souffler un peu !), chaque fois que vous repartez dans un donjon le mal ronge le corps et l’esprit de la jeune femme. Selon le taux d’affection de la jauge de malédiction, l’apparence d’Elena sera différente lorsque vous rentrerez. À vous de voir si vous souhaitez rentrer tôt pour éviter tout changement chez elle ou si vous souhaitez utiliser au maximum la jauge de temps pour progresser dans les donjons, au risque de voir Elena sous un jour repoussant. La manière dont vous jouerez changera de nombreuses choses dans l’aventure.

Elena et vous

Pendant que vous êtes au turbin, Elena reste donc seule dans l’observatoire. Mavda, cantonnée au rôle de tenancière d’un stock d’objets et d’améliorations de matériel, reste en dehors de la vie solitaire de la jeune femme. La gestion du temps est prise en compte dans le jeu, et les heures passent. À l’aube succède le jour, le crépuscule puis la nuit. Dans les donjons, objets et ennemis changent en fonction de l’heure. Elena, quant à elle, s’occupe comme elle peut. Elle entretient la maison, lit des manuscrits laissés sur place, va dehors pour chanter au grand air... Selon l’heure où vous rentrez, Elena sera donc toujours en train de faire quelque chose de différent.

Mais ce n’est pas tout ! Un système très élaboré d’interactions avec Elena passe par de nombreux dialogues - certains avec choix - et l’échange de nombreux objets. C’est simple : tous les objets que vous trouverez dans les donjons pourront faire l’objet d’un cadeau. Certains seront appréciés, d’autres pas, mais quelques-uns serviront au héros alors qu’ils seront échangés ou re-conditionnés. Elena agrandira par exemple la contenance de votre sac. Vous pourrez porter plus d’objets. Votre sac est composé de cases dans lesquelles vous pourrez disposer vos amulettes. Au début, il faudra gérer au mieux les quelques cases disponibles et faire pivoter les items comme dans un Tetris. L’espace s’agrandira au fur et à mesure de votre gain de niveaux d’expérience.

Mavda et sa boutique proposeront aussi des cadeaux à même de satisfaire Elena, comme des draps, des fleurs ou des bracelets. Ces cadeaux sont-ils désintéressés ? Pas tout-à-fait. Chaque petite attention verra une jauge d’affinité évoluer avec le temps. Cette jauge d’affinité influera directement les relations entre les deux tourtereaux, avec à la clé des modifications profondes dans la direction que prendra le jeu et l’évolution de son histoire. Ce qui pourrait sembler ailleurs comme une quête secondaire devient ici un élément essentiel du jeu qu’il est impossible de laisser de côté.

Ce sera bien là votre dilemme : allez-vous vous concentrer sur l’aventure, utiliser votre argent pour acheter des potions et autres médaillons de compétence ? Ou bien allez-vous faire plaisir à Elena en lui offrant une bague certes coûteuse mais ô combien symbolique de votre alliance ?... Vous passerez donc beaucoup de temps à parler avec Elena. Et ça tombe bien, la doubleuse anglaise a fait un excellent travail. Aeron parle aussi un peu, ce qui est fortement appréciable, même chez un héros de type taciturne (vous noterez la référence).

Mavda et moi

À l’observatoire, entre deux rangements de coffre ou écriture de sauvegarde, vous étudierez avec attention tous les objets proposés par Mavda. Cette dernière ira même jusqu’à racheter la chair de bête que vous aurez ramenée en trop. Elle réparera les objets qui se seront brisés au combat. Elle vous expliquera comment confectionner des ingrédients en en utilisant d’autres. Elle vous aidera enfin à augmenter le pouvoir de vos armes blanches.

Mais qui est Mavda et pourquoi vous aide t-elle ainsi ? "Pour toutes les informations que vous m’apportez" dira-t-elle, alors qu’elle vous rachète à prix d’or les écrits ramenés des tours et traduits par Elena... Les journées sont longues à l’observatoire. Pour Elena chaque réveil est un cadeau et en même temps l’aube de souffrances à venir...

Amateurs de donjons qui font appel à votre sens de l’observation et vos méninges, partez à l’aventure ! Pandora’s Tower est une quête ardue et exigeante, au style unique, qui marie à merveille l’héroïsme et l’horreur. Serez-vous le chevalier servant de la douce Elena ?