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Ludographie - part 2

, par RYoGA

J’avais laissé ma ludographie à fin 2002, date à laquelle le Nintendo Gamecube a le lourd héritage de succéder à un certain âge d’or de la firme et de faire face, plus que jamais, à la concurrence. Cette bataille médiatique, cette crise ludique, coïncide avec le changement de mon regard sur les jeux.

En effet, je ne suis plus dans "la découverte". Avec l’expérience, je suis plus exigent et plus critique envers le média. Le jeux-vidéo dépasse alors sa simple fonction d’amusement pour lorgner, de part son rayonnement grandissant, vers un nouvel art à part entière, à tel point qu’il devient officiellement "le dixième art". La possibilité de parler en ligne sur les forums de discussion change la relation que l’on a avec son programme : passer des heures seul ou entre amis sur un jeu s’accompagne à présent d’une capacité permanente à échanger son expérience de jeu, et quelque part, de la vivre moins intensément (on parle plus des jeux qu’on ne les pratique). Le regard change, mais aussi on se met à parler de la qualité ludique intrinsèque des jeux de cette époque : les sagas d’hier, à force de vouloir évoluer et suivre la tendance au toujours plus, seraient-elles sur leur déclin ?...

A cette époque donc, le Gamecube livre chaque mois son "game giant". Voilà le fan de Nintendo embarqué dans une excitante série de jeux tous plus différents les uns que les autres. Content de pouvoir varier mes choix, je commence en insérant comme premier mini-disque Wave Race Blue Storm qui fait son travail de dépaysement en même temps qu’une petite claque graphique appréciée. Parmi les jeux qui suivent, certains sont des réjouissances (Je m’amuse des voix de Luigi dans Luigi’s Mansion, Je prends un plaisir certain à piloter un Naboo fighter dans Star Wars Rogue Leader, à guider les Pikmin sur une planète étrange, à enfin passer le couloir aux chiens de Resident Evil Rebirth et de sursauter la nuit alors que mon frigo se met en marche, ou Eternal Darkness qui propose des idées littéralement hallucinantes !), d’autres des déceptions (Super Mario Sunshine mal conçu, Starfox Adventures insipide). D’autres, comme Mario Party 4, permettent de réunir toute la famille et les amis devant la console pour Noël.

L’année 2003 sur Gamecube s’annonce tout aussi palpitante. Je la commence avec l’inédit et exclusif Resident Evil 0 (réussi graphiquement mais quand même un peu chiant), le très addictif Phantasy Star Online (pour lequel je profite du jeu en ligne pendant son premier mois gratuit - et l’aventure pour trouver un modem gamecube haut-débit et un câble RJC !) ou encore le passionnant Skies of Arcadia Legends (toujours pas fini aujourd’hui, mais je viens de le reprendre !) et le sympathique Wario World.

La très bonne ludothèque de la gamecube passe en effet à la vitesse supérieure avec le phénoménal Metroid Prime (où comment la saga passe en 3D avec excellence), et le très rafraichissant Zelda the Wind Waker. 2003 n’a pas l’air de vouloir s’arrêter avec le nouveau Mariokart Double Dash (malgré tout décevant au regard de la série), un énergique SoulCalibur 2 (estampillé Nintendo avec Link comme personnage jouable !), un nouveau F-Zéro GX hallucinant.

2004 n’en est pas en reste avec un Beyond Good and Evil fantastique, un remake efficace du premier Metal Gear, Metal Gear Solid : the twin Snake, le retour de la franchise Final Fantasy sur consoles Nintendo de salon via le spin-off Final Fantasy Crystal Chronicles assez atypique, un Harvest Moon : a wonderful life mémorable, un Pokémon enfin axé aventure avec Pokémon Colosseum, la localisation tant attendue de Animal Crossing, une suite à Pikmin, un jeu musical avec des Bongos pour Donkey Konga... Entre coups de cœurs et déceptions, voilà quand même deux années exceptionnelles ! Mais à force de balancer toutes ses cartouches et d’obtenir un succès en demi-teinte, il fallait bien que ça s’arrête, et le Gamecube allait devoir affronter une fin de vie difficile...

En effet, et ce malgré la qualité de sa ludothèque, le Gamecube souffre véritablement de la concurrence rude que lui mènent le nouveau géant Sony avec sa Playstation 2 et le puissant rival Microsoft avec sa hargneuse X-Box... Les studios de développement quittent Nintendo les uns après les autres, des projets sont annulés ou des exclusivités revues à l’ordre du jour. L’année 2005 est catastrophique pour la console qui se voit totalement abandonnée par le constructeur. Tout commence pourtant bien avec le dantesque Resident Evil 4 et l’excellent Donkey Kong Jungle Beat (jeu de plateforme avec les kongas !)... Starfox Assaut, loupé, est très vite oublié. Pour la fin d’année, Zelda, the Twilight Princess est attendu comme le messie. Mi-2005, il se voit pourtant repoussé à une date ultérieure !...

A partir de là commence la traversée du désert de la gamecube. Pour Noël, seule la suite de Pokémon Colosseum, Pokémon XD répond présent et remplit avec une certaine amertume mon estomac de gamer. L’annonce du report de Twilight Princess est très dure pour les joueurs qui attendent avec grande impatience le block-buster de Nintendo. La rupture entre Nintendo et les gamers, mine de rien, commencera avec cet événement.

L’abandon total du support Gamecube semble comme par magie laisser le champ libre à la nouvelle console portable "bizarre" que Nintendo a sorti chez nous en mars 2005 : la Nintendo DS. A cette époque je ne suis pas du tout séduit par les jeux proposés par la console à deux écrans (dont un tactile). La communication de Nintendo autour de jeux "différents" fait mouche auprès du grand public qui croit enfin pouvoir lui aussi jouer simplement.

Si c’est le plus classique Mariokart DS qui me fait sauter le pas, de nouvelles expériences de jeu comme Nintendogs, tamagochi canin que l’on va montrer à sa copine ou Programme d’entrainement cérébral que l’on va partager avec ses parents élargissent la conception de jeux-vidéo. Le gamer reste cependant un peu le cul entre deux chaises : New Super Mario Bros est un Mario un peu triste à force d’avoir voulu le simplifier pour le grand public. Une situation un peu ambiguë, alors qu’on se rappelle que de toute façon, tout le monde jouait à Super Mario Bros sur Nes, non ? La DS m’accompagnera plus ou moins intensément, à travers des jeux comme Princess Peach, "longest game played" Animal Crossing Wild World, ou les Phoenix Wright...

C’est la crise du gamer chez Nintendo. Dans le cadre de mon boulot et de l’émission cinéma, vidéo et jeux-vidéo sur laquelle je fais un peu d’habillage j’ai l’occasion de voir jouer Shadow of the colossus. Un véritable coup de foudre qui me fait acheter une Playstation 2, alors peu chère après 6 ans d’existence. J’en profite pour prendre au préalable Ico, des auteurs de Shadow of the colossus, qui se trouvait comme par hasard être le seul jeu qui me tentait véritablement sur la console. Je découvre ensuite les excellents God of War et le renversant Metal Gear Solid 3. Ça s’arrête là pour la PS2, puisque que ce soit le pourtant culte Metal Gear Solid 2, le tant loué Okami, ou plus tard Kingdom Hearts et Dragon Quest 8, aucun de ces jeux déjà sortis n’arriveront à m’intéresser. Fin de la parenthèse Playstation.

Le Gamecube meurt donc la bouche ouverte. Son successeur, la Wii, qui récupère Zelda, the Twilight Princess, capitalise à mort sur la sortie de ce jeu plus qu’attendu. Impossible de se contenter de la version gamecube (qui sort sournoisement une semaine plus tard), Zelda ce sera sur Wii, et l’on manipulera Link devenu soudainement droitier pour correspondre à la majorité des joueurs. Zelda, the Twilight Princess est un superbe jeu qui n’a pour seul défaut que d’avoir à succéder à une légende et d’être constamment condamné à l’excellence. On trouvera ainsi à redire sur de nombreuses choses qui tiennent plus de l’ordre de la subjectivité. Un Zelda vient à être critiqué au même titre qu’un film, avec ses longueurs, ses thématiques, la prestation de ses acteurs virtuels. Il est bien loin le temps où tout semblait plus simple et plus direct !

Peut-être est-ce pour ce sortir de ce bourbier sans fond que Nintendo va, avec la Wii, revenir à une certaine simplicité. En témoignent les Wii Sports (fourni avec la console et déclencheur du buzz de la machine : on a tous joué à ce tennis virtuel entre amis) ou Wii Play, et d’une manière générale tous les jeux qui surferont sur la tendance. Pouvoir "contrôler" ses jeux avec deux manettes gyroscopiques, une dans chaque main, c’est l’innovation que nous a proposé la machine. A ce titre, Red Steel était attendu au tournant... et a fait déchanter beaucoup de monde. Personnellement, une fois la nausée de voir mes deux bras partir dans des sens opposés, bref maîtrisé le gameplay, j’ai grandement apprécié l’ambiance du titre qui avait pas mal d’atouts. 2007, ce n’est pas si loin que ça et des jeux comme Excite Trucks, Sonic and the Secret Rings, Dragon Ball Z Tenkaichi 2, Endless Ocean et surtout Mario Galaxy m’auront plu. 2008 n’apporta que des jeux moyens ou juste sympathiques : le remake de Nights, Nights Journey of Dreams, le déjanté No More Heroes, le populaire Wii Fit. Même l’inattendu Mario Kart Wii ou le trop attendu Smash Bros Brawl ne surent réellement m’enthousiasmer. En 2009 Resident Evil 5 était sur XBox 360 et il me fallut donc rouvrir une nouvelle parenthèse.

Sur Wii One Piece Unlimited Cruise me donna l’impression de retrouver l’esprit simple et coloré des jeux d’aventure d’avant qui ne pétaient pas plus haut que leur cul. Le sublime Muramasa : The Demon Blade, le fédérateur New Super Mario Bros Wii ou le remake charmant de A Boy and his blob sont à présent les nouveaux jeux représentant la console : du oldschool en plus joli en somme.

Une ludographie c’est toujours plus rigolo à écrire avec du recul. On oublie des titres, certains ressortent par rapport à d’autres. Une thématique générale semble émerger... J’espère que partager la mienne avec vous vous permettra de vous rappeler certaines choses, vous faire prendre conscience de votre rôle dans l’histoire, celle de notre quotidien, peut-être celle avec un grand H. Jouer avec des histoires, des personnages, jouer aux jeux-vidéo comme le reflet d’une certaine époque...

1 commentaire

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    21 janvier 2010  22:35

    Plaisant cet article.